Adoption d’une loi visant à uniformiser le prix d’expédition pour toute la chaîne de distribution du livre.
Ce jeudi 16 décembre a été définitivement adoptée à l’unanimité en deuxième lecture au sénat, la loi de soutien aux libraires, présentée par la sénatrice Laure Darcos. Ce texte vise à rééquilibrer l’équité sur les prix de livraison des livres entre les librairies et les plateformes de e-commerce.

L’enjeu de cette réglementation française est d’autant plus important que la crise sanitaire a fortement impacté la consommation de livres.
En effet en 2020, plus de 15% des livres vendus font l’objet d’une livraison à domicile, soit 4 points de plus par rapport à l’année précédente. Ces chiffres confirment la forte progression de ce canal de distribution pour les libraires, et du succès de la formule “click and collect”, inspirée du “drive” des grandes surfaces.
Cela dit, les plus grands bénéficiaires de cette hausse de consommation sont les grands commerçants en ligne.
“Cela revient, aux yeux de la parlementaire Géraldine Bannier, à contourner la « Loi Lang », en vigueur depuis 1981, qui a instauré le prix unique du livre.”
Par conséquent, même si les librairies ont pu relancer leurs activités grâce à une année de ventes de livres jugés “exceptionnelles” par Vincent Montagne, président du Syndicat National de l’Édition.
Elles se heurtent toujours à la féroce concurrence des géants de la logistique, qui pratiquent la politique du 1 centime de frais de port pour la livraison d’un livre. Cela revient, aux yeux de la parlementaire Géraldine Bannier, à contourner la « Loi Lang », en vigueur depuis 1981, qui a instauré le prix unique du livre.

Ainsi pour rassurer les professionnels du livre, mais aussi pour le symbole (40 ans après la loi sur le prix unique du livre), la mesure phare de ce projet de loi est d’instaurer un prix-plancher pour les livraisons.
Un bras de fer entre deux visions du monde.
Pour le PDG Amazon France, Frédéric DUVAL : « si une telle mesure était adoptée, elle pénaliserait la diffusion des livres sur notre territoire et la lecture en général […] La facture sera élevée. Il entrevoit plus de 250 millions d’euros par an de perte de pouvoir d’achat pour des millions de lecteurs français ».

Pour répondre à cet argument selon lequel le projet s’opposerait à l’intérêt du lecteur, le ministère de la culture le balaye d’un revers de la main :
Le projet au contraire est une bonne affaire pour le lecteur. Que veut-il, le lecteur ? Premièrement un prix uniforme, deuxièmement un prix aussi modéré que possible et aussi un prix connu : il veut enfin trouver partout un échantillonnage de livres aussi variés que possible. Un prix unique, c’est l’objet de la loi.
Maintenant que la loi est promulguée, des négociations vont être entamées entre les différents ministères pour déboucher sur un arrêté. La mesure prendra effet six mois après la publication de l’arrêté et un rapport parlementaire sera rédigé dans les trois ans pour en mesurer les effets, notamment en termes de pouvoir d’achat et d’accès au livre des lecteurs vivant dans des zones rurales.
Source : Syndicat national de l’édition, Le Parisien, Ouest-France, culture.gouv.fr, La Tribune